Assomption de la Vierge Marie
Abbé Jean Compazieu | 11 août 2022« Écoute, Église du Seigneur,
regarde et tends l’oreille ! »
Homélie
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Cette fête de l’Assomption est l’une des mieux célébrées en l’honneur de la Vierge Marie. Ils sont nombreux ceux et celles qui profitent de l’occasion pour se rassembler à Lourdes et sur les lieux de pèlerinages pour invoquer sa protection. C’est que Marie tient une place toute spéciale. L’Église est comme une grande famille. Dieu est notre Père. Marie y joue un rôle maternel. La fête d’aujourd’hui nous donne l’occasion de réfléchir à ce rôle que Dieu a confié à Marie.
L’Assomption c’est la fête de Marie qui entre corps et âme dans la gloire de Dieu auprès de son fils ressuscité. La bonne nouvelle c’est que Marie n’a fait que nous y précéder. Ce bonheur qui est le sien, nous y sommes tous appelés. Ce que Dieu a réalisé pour Marie nous est également destiné. Avec Marie, notre vie actuelle est une marche à la suite du Christ vers cette grande fête que Dieu nous prépare.
Dans l’évangile, Jésus se présente à nous comme Le Chemin, la Vérité et la Vie. C’est par lui que nous passons pour aller au Père. Et Marie est toujours là pour nous renvoyer sans cesse à lui. Comme aux noces de Cana, elle nous redit inlassablement : « Faites tout ce qu’il vous dira. » Son message à Lourdes, Fatima et ailleurs nous renvoie à l’évangile. Il est un appel à la prière, la pénitence et la conversion.
L’Évangile qui nous est proposé fait suite à l’Annonciation. L’ange Gabriel vient d’annoncer à Marie qu’elle serait la mère du Sauveur. Ayant appris que sa cousine Élisabeth est devenue enceinte du futur Jean Baptiste, elle se met en route. Cette rencontre entre Marie et Élisabeth donne lieu à une explosion de joie. La Visitation ce n’est pas qu’une simple rencontre familiale entre deux cousines : c’est la rencontre des deux alliances, l’ancienne avec Élisabeth et la nouvelle avec Marie. À travers ce Messie pas encore né, c’est Dieu qui vient visiter le peuple de l’ancienne alliance.
Tout cela doit donner une nouvelle orientation à la manière dont nous vivons les uns avec les autres. Si nous voulons honorer Marie, il ne faut pas oublier qu’elle est notre mère à tous, y compris de ceux que nous n’arrivons pas à supporter. Comment honorer Marie en ce 15 août si nous avons un regard et des paroles méprisantes pour telle ou telle catégories de personnes. Comment l’appeler « Reine de la Paix » si nous sommes fâchés avec un voisin ? Comme le Christ, Marie souffre de ces divisions qu’il y a dans le monde, dans nos communautés et nos familles.
Mais avec elle, il n’y a pas de situation désespérée. Quand tout va mal, quand nous sommes sur la croix, elle est là. Elle se tient debout pour nous aider à traverser l’épreuve. Quand nous sommes en manque de paix et de joie, elle est encore là. Comme aux noces de Cana, elle dit à Jésus : « Ils n’ont plus de paix et de joie. » Et Jésus nous rend la paix et la joie. Quand nous sommes tombés au plus bas, elle se baisse pour nous ramasser. Elle ne craint ni notre péché ni notre douleur. Elle qui a misé toute sa vie sur l’amour, elle nous aide à nous remettre debout pour reprendre notre route à la suite du Christ.
En ce jour, nous rendons grâce au Seigneur pour ce cadeau merveilleux qu’il nous fait en nous donnant Marie pour mère. Cette fête de l’Assomption vient raviver notre lien profond à Jésus Christ et notre désir de le suivre fidèlement tout au long de notre vie. On a aussi appelé cet événement « la dormition de Marie ». La mort c’est fermer les yeux à ce monde pour les rouvrir à Dieu. Cette fête doit renouveler et renforcer notre confiance en lui. Ne craignons pas l’avenir ni le jugement de Dieu. Oublions nos péchés ; brûlons-les au feu de la Miséricorde. Nous serons jugés sur l’amour et seulement sur l’amour. C’est l’Amour qui nous prendra et nous emportera. L’heure où nous quitterons la terre sera notre Assomption.
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Souvenir d’une rencontre à Lourdes !
Une rencontre aussi inattendue qu’inoubliable ! Printemps 2008, ma première belle saison d’une étape fraîchement commencée : la retraite, l’incontournable passage d’une vie professionnelle mouvementée à une tranche de vie plus sereine mais non moins active. Un changement de rythme ! Pour m’approprier ce nouveau mode de vie et m’investir dans des projets à court terme, je ressens le besoin de prendre un peu de recul. Reprendre mon souffle pour mieux avancer. Un temps d’adaptation et de réflexion sur le sens que je veux donner à ce nouveau parcours d’avenir. Un temps de relecture de vie !… Partant de cet objectif, l’idée d’un court séjour dans une abbaye en compagnie des moines me séduit.
Dans ce laps de temps, au cours d’une messe, la proposition du diocèse de Pontoise pour un pèlerinage à Lourdes à l’occasion du jubilé attire l’attention de mon épouse. Elle me l’a proposé aussitôt. Sur le coup, l’idée de faire un voyage en groupe ne m’enchante pas. Partir en pèlerinage dans un brouhaha constant autour de moi, j’aurais l’impression de faire du tourisme. J’aspire plutôt à la tranquillité. Des moments paisibles dans le recueillement pour me ressourcer, sous le regard bienveillant de Dieu. J’éprouve le besoin d’être dans un endroit calme et serein, propice à la prière et à la méditation. Dans le silence, le Saint-Esprit me guidera. Mais pour faire plaisir à mon épouse, j’accepte de faire ce pèlerinage, sans trop de conviction. Je me laisse entraîner sans bien savoir ce que je vais faire dans ce sanctuaire ! Nous partons donc avec un groupe de paroissiens de Cergy. Le père Renauld de Dinechin (devenu évêque auxiliaire de Paris quelques mois plus tard) nous accompagne. Dans le car qui nous amène à Lourdes, nous avons chanté, nous avons prié… Je m’associe volontiers à cette ferveur collective sans me sentir vraiment dans le coup !
Arrivé très tôt à Lourdes, après un petit-déjeuner réconfortant, le père Renauld nous propose une visite rapide à la Grotte Massabielle comme un avant-goût de notre pèlerinage. Allons-y donc… Je suis le groupe, sans hâte. Mais, arrivant sur le lieu, une grande émotion m’envahit tout d’un coup. Une ferveur soudaine me saisit. De nature plutôt pragmatique, je ressens pourtant comme une présence bienveillante à mes côtés. Marie est là… J’ai eu une brève conversation avec elle. Qu’est-ce-que je lui ai dit ? Je ne m’en souviens plus dès à présent. Je me rappelle seulement d’être ému comme un enfant retrouvant sa Mère après une longue absence ! Après cette visite bien courte, et un peu à l’écart de la Grotte, j’avais dit au Père Renauld : « Je suis tout ému ! Je pense que je viens de faire un bout de chemin comme les disciples d’Emmaüs ! Jésus et Marie m’ont accompagné jusqu’ici sans que je le sache ». Sans avoir vraiment conscience, Marie faisait route avec moi durant tout ce trajet. Et là, au pied de la grotte, elle m’accueille à bras ouvert… Je pensais être venu à Lourdes par hasard, or la Providence s’en est mêlée. J’ai vécu ce qu’on pourrait appeler ‘la rencontre’ !
Et mon pèlerinage débute vraiment à ce moment-là. La Grotte Massabielle aimante mes pas. Irrésistible ! C’est mon lieu de rendez-vous avec Marie. J’y reviens plusieurs fois par jour pour prier, pour méditer. J’y ai assisté à une messe de minuit suivie d’une adoration au Saint Sacrement. Des moments inoubliables ! J’ai beaucoup prié pour moi-même, pour ma famille, pour les êtres qui me sont chers et pour les malades que je connais. Je déroule, sous les yeux de Marie, ma vie, mes joies, mes peines… Comme un enfant, je lui confie mes secrets intérieurs. Je lui dédie ma retraite. Cette nouvelle vie sera sous sa protection. Sur ce nouveau parcours, elle me montrera le chemin vers son Fils. « La première en chemin, Marie, tu nous entraînes à risquer notre ‘oui’ aux imprévus de Dieu. » Cette chanson maintes et maintes fois chantée, fredonnée… suscite désormais en moi une ferveur bien particulière. « Marche avec nous Marie, sur le chemin de foi. Ils sont chemins vers Dieu ! » Avec Marie, j’irai jusqu’au bout du chemin. Le chemin qui me mène à Dieu !
À la fin du pèlerinage, notre groupe se réunit pour un moment de partage. Mon court témoignage résume ce que je ressens au plus profond de moi-même : « Chacun de nous vient au monde avec une mère. Elle nous aime, elle nous soigne et nous guide. Je quitte ma vie professionnelle pour commencer une nouvelle vie pleine de surprises. À Lourdes, je me sens comme renaître ! Désormais Marie, ma Mère, fera partie intégrante de ma vie. Elle sera toujours là pour veiller sur moi. Elle m’amenera vers son Fils. » Dans cette nouvelle tranche de ma vie, Marie sera à mes côtés. Elle me tiendra la main, me guidera. Elle m’apprendra à écouter son Fils. « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. » (Jn 2:5) Cette recommandation aux noces de Cana me concerne désormais personnellement. La Parole de Dieu sera ma boussole. Elle m’orientera et éclairera ma route. Depuis lors, très tôt le matin, la prière et la méditation ont toujours eu une place de choix dans mes premières activités. Je place ainsi ma journée sous le regard protecteur de Dieu et de Marie.
Quatorze ans déjà ! Vaille que vaille, cette flamme intérieure a pu résister au temps !… Ma vie spirituelle est devenue plus intense grâce à cette ‘rencontre’. MERCI à Marie d’avoir fait cette apparition dans mon âme. Avec elle, je ne cesse de rendre grâce à Dieu : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! » (Lc 1:46-47)
Nguyễn Thế Cường Jacques
Merci pour ce témoignage